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écrit à M. Hansteen, en date de 1825, que « dans les années 1766, 1767 ou 1768, il entendit le bruit d’une aurore boréale. M. Ramm, qui n’avait alors que dix ans, remarqua ce phénomène pendant qu’il traversait une prairie près de laquelle il n’existait point de forêts. Le sol était couvert de neige et de givre. (Voir dans le Capitaine Franklin que la neige craque quelquefois.) Le bruit coïncidait toujours avec l’apparition des jets lumineux. Comment cela pouvait-il être, puisque ces jets sont incontestablement à une hauteur un peu considérable dans l’atmosphère. » (Philos. Magazine, mars 1826, p. 177.) Wargentin rapporte, dans le 15e vol des Transactions de Suède, que deux de ses élèves, le docteur Gisler et M. Hellant, qui avaient longtemps habité le nord de ce royaume, firent à l’Académie de Stockholm le rapport dont voici les principaux passages :

« La matière des aurores boréales descend quelquefois si bas qu’elle touche le sol ; au sommet des hautes montagnes, elle produit sur la figure des voyageurs un effet analogue à celui du vent. » (Docteur Gisler.)

« J’ai souvent entendu le bruit des aurores, ajoute le docteur Gisler ; ce bruit ressemble à celui d’un fort vent ou au bruissement que font quelques matières chimiques dans l’acte de leur décomposition …. J’ai cru souvent trouver que le nuage avait l’odeur de fumée ou de sel brûlé …. » Les paysans de Norvège lui apprirent qu’il s’élevait quelquefois du sol un brouillard froid, d’une teinte blanc verdâtre, qui obscurcissait le ciel, quoiqu’il n’empêchât pas de voir les montagnes de loin ; ce brouillard à la fin donnait naissance à une aurore boréale. Il