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tiques de la terre. Cette action n’est pas la même dans toutes les orientations du navire ; elle change aussi avec la latitude. La boussole n’est donc un guide sûr qu’à la condition qu’on déterminera expérimentalement sur chaque navire, au point de départ, les déviations locales de l’aiguille dans divers azimuts, et qu’on tiendra scrupuleusement compte des changements qui, toutes les autres circonstances restant les mêmes, sont la conséquence inévitable d’un déplacement vers le nord ou vers le sud.

Les expériences à l’aide desquelles on se procure les éléments de calcul propres à chaque navire sont très-délicates ; mais ce n’est pas une raison pour s’en affranchir. Nous estimons que, dans tout port d’armement, il devrait y avoir un ingénieur hydrographe chargé de déterminer les constantes de chaque navire. La nécessité de cette précaution sera facilement admise pour les bâtiments en fer, si je rappelle que naguère, dans son passage de Bordeaux à Brest, un bateau à vapeur de cette dernière espèce se trouva, à cause de la marche irrégulière de la boussole, dans la presque impossibilité de trouver sa route. Mais nous maintenons que les mêmes précautions sont nécessaires pour les navires ordinaires en bois. Les flots nous cachent les erreurs des pilotes, comme la terre couvre les bévues des médecins. Nous n’aurons donc à citer aucun sinistre qu’on doive attribuer, avec une entière certitude, à la déviation locale de la boussole ; nous pourrons, toutefois, nous appuyer sur des probabilités empruntées à la marine anglaise.

Dans l’hiver de 1811 à 1812, le Héro, de 74, se perd au Texel, en venant du Cattegat, avec plusieurs des bâti-