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pellerais que vingt-quatre églises furent foudroyées quoiqu’on n’eût entendu que trois coups de tonnerre distincts ; mais, pour le moment, j’abandonne des considérations plus ou moitié conjecturales, plus ou moins sujettes à difficulté, et je m’en tiens, je le répète, aux phénomènes qui se sont manifestés par une séparation évidente, par une séparation saisissable à l’œil, d’un seul trait lumineux en plusieurs traits distincts.

Les éclairs de notre première classe, sont désignés en Italie par un nom particulier : on les appelle saette. Suivant une opinion fort répandue chez nous, tant parmi les physiciens que dans la masse du public, ce seraient principalement, sinon exclusivement, les saette, les éclairs resserrés, les éclairs en sillon, en zigzag, qui porteraient avec eux l’incendie et la destruction: ces éclairs, en un mot, constitueraient la foudre proprement dite[1].

À côté des bifurcations signalées dans cet article, je dois dire que M. Gamot, ancien élève de l’École polytechnique, m’écrit qu’il vit distinctement, dans le mois d’octobre 1838, des éclairs qui partirent de deux points très-différents d’une nuée orageuse, se réunir et descendre ensuite jusqu’à terre. L’observateur croit pouvoir affirmer que le phénomène ne fut pas un éclair ascendant qui se bifurqua en approchant des nuages,

  1. Sénèque avait déjà coupé court à la distinction que ses contemporains établissaient entre l’éclair et la foudre, « L’éclair, disait-il, est la foudre qui ne descend pas jusqu’à terre : la foudre est l’éclair qui, au contraire, vient la toucher, » (Quest. nat., liv. ii, § 24.)