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changer les pôles d’une aiguille de boussole quand elle est dans sa position naturelle : on sait cependant que la foudre produit cet effet.

Dans ma Notice sur le tonnerre, j’ai parlé (chap. xxv, p. 133) de l’aimantation par la foudre ; j’ajouterai ici deux faits dont il n’a pas été question alors.

Le tonnerre tomba dans la boutique d’un horloger, à Saint-André en Dauphiné, en août 1739, et brisa une lime à 19 centimètres du manche ; la partie détachée avait 11 centimètres de long et s’était assez fortement aimantée pour enlever des clefs ; on s’en servit pour communiquer le magnétisme à un couteau.

Le fragment de 11 centimètres fut brisé en deux. L’une des deux parties attirait le fer par ses deux bouts ; l’autre (celle où se trouvait la pointe de la lime) n’attirait que dans le voisinage de la fracture (Trans philos., vol. xli, p. 614-615).

Plusieurs physiciens ont remarqué qu’une lame d’acier s’aimante quand on la rompt ou quand on la brise ; or, la lime de l’horloger ayant été brisée, on ne pourrait pas conclure du fait précédent, s’il était unique, que la foudre, comme telle, est capable d’aimanter l’acier.

Franklin parle, dans une de ses lettres en date du 27 juillet 1750, de la relation, écrite par le capitaine Waddel, sur les effets produits à bord de son bâtiment par un coup de foudre : quelques-unes de ses aiguilles de boussole avaient perdu tout leur magnétisme ; dans d’autres, les pôles furent changés, et la pointe nord se tourna vers le sud.