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LE TONNERRE.

l’air et des météores) me fournit un exemple d’évidente, de forte bifurcation. Il vit lui-même un sillon lumineux, unique au départ de la nue, se partager en deux à quelque distance da la terre, et chaque moitié aller frapper un objet séparé.

Quant il faut se prononcer sur la forme de phénomènes fortuits et qui durent aussi peu de temps qu’un éclair de la première espèce on est heureux de pouvoir citer des observateurs du mérite de Nicholson. Aussi je me hâte de tirer d’une note de ce célèbre physicien, jetée, sans nom d’auteur, dans le coin obscur d’un journal, quelques mots précieux que j’y ai aperçus avec d’autant plus de plaisir que le titre de la note me les faisait moins espérer.

« Le 19 juin 1781 un violent orage passa sur l’extrémité occidentale de Londres. J’étais alors à Battersea, et je fis la remarque que les éclairs, accompagnés d’ailleurs d’explosions très-marquées et très-distinctes, furent, dans beaucoup de cas, fourchus à leur extrémité inférieure, mais jamais dans le haut. »

Si les cas de bifurcation ne sont pas communs, on concevra combien, à plus forte raison, doit être rare le partage d’un éclair unique en trois éclairs distincts. J’avais cru pouvoir affirmer que cette trisection s’effectue quelquefois, d’après ce que je trouvais dans la relation d’un orage publiée par William Borlase. Le passage dont je m’appuyais manquait peut-être de précision ; mais il offrait, d’autre part, l’avantage d’émaner d’un observateur qui n’avait aucun système à faire prévaloir, je dirai plus, qui donnait sa remarque sans en apprécier l’importance. Quoi qu’il en soit, je désirais trouver