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eaux moyennes de chaque mois de l’année, c’est-à-dire même pour des époques où il ne tonne pas à Paris. Ce résultat n’a rien de contraire à l’origine électrique du nitrate d’ammoniaque[1], car d’après les résultats que nous avons réunis dans cette Notice, on doit reconnaître qu’il n’y a probablement pas un seul jour de l’année où l’on puisse dire qu’il n’a pas tonné ou éclairé en quelque lieu de la terre. Or, les nuages qui se résolvent en pluie à Paris, ont parcouru des régions dont il ne nous est pas permis de limiter l’étendue. Quand on considère le rôle important des sels ammoniacaux dans la végétation, on n’est pas éloigné de penser que peut-être l’explication des jachères est liée au passage de la matière de la foudre à travers l’atmosphère, que son dégagement soit lent, sans donner de lumière ou d’étincelles visibles, ou qu’il soit accompagné d’éclairs et de tonnerre.

Nous avons vu qu’il y a des localités où il tonne beaucoup plus souvent que dans des lieux peu éloignés. On sait aussi que les nitrières naturelles, que les grottes salpêtrées ne se rencontrent que dans des terrains particuliers. Il serait intéressant de chercher si les lieux où le salpêtre se forme dans des sols contenant d’ailleurs les alcalis terreux nécessaires à sa composition, ne sont pas dans des conditions spéciales relativement au dégagement de l’électricité atmosphérique ; si, par exemple, il n’y tonne pas d’une manière exceptionnelle.

  1. L’ammoniaque, formée, comme on sait, d’hydrogène et d’azote, peut elle-même provenir de la même cause électrique qui, décomposant l’eau atmosphérique, donnerait de l’hydrogène dans cet état que les chimistes appellent état naissant et qui est spécialement convenable pour sa combinaison avec l’azote de l’air.