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le courant de matière fulminaire, devenu à peine sensible, trouvera un écoulement suffisant dans les pierres humides qui composent le piédestal, et ensuite dans le pavé de la place. On peut donc affirmer que, dans ce cas particulier, un paratonnerre ne produirait aucun effet utile.

Passons maintenant à l’obélisque de Louqsor. Supposons qu’au pyramidion actuel dont on a surmonté le monument, on substitue un pyramidion en métal ; qu’à chacun de ses angles correspondants à ceux de l’obélisque soit attachée une corde métallique descendant jusqu’au sol, ce qui n’altérera pas l’aspect monumental du monolithe, et ne cachera aucune partie des inscriptions hiéroglyphiques dont ses faces sont couvertes. Supposons, pour répondre à toutes les difficultés, que les quatre cordes dont il vient d’être parlé soient prolongées à travers la bâtisse du piédestal jusqu’au terrain humide, et toutes les conditions correspondant à un bon paratonnerre se trouveront satisfaites ; on pourra affirmer que l’obélisque ne courra aucun risque, quelle que soit l’intensité des orages qui l’assailliront un jour.

La bonté de cette solution n’était pas contestée ; on disait seulement que le monolithe, par sa masse, pouvait se passer de toute protection artificielle, sans réfléchir qu’alors même que le dégât se réduirait à l’enlèvement de quelque éclat du monument primitif, l’événement pourrait avoir des conséquences fâcheuses pour l’art et pour les études archéologiques futures. Argumenter, pour se rassurer, de la masse de l’obélisque, c’est ne pas se souvenir des faits que la science a enregistrés, c’est oublier ce que nous avons déjà dit de la roche de 32 mètres