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Que voyons-nous, en effet, dans l’église de Carinthie ? quatre ou cinq coups par an, tant que le paratonnerre n’existe pas, et un coup dans cinq ans après l’établissement de cet appareil.

Dans l’église de Charlestown, la diminution est telle, qu’en quatorze ans il n’y a pas un seul coup foudroyant, tandis qu’à en juger par ce qui arrivait avant que le paratonnerre fût construit, on aurait dû en observer six ou sept.

Au Valentino, les paratonnerres de Beccaria font totalement disparaître les coups foudroyants qui précédemment étaient si communs.

Le Monument, à Londres, quoiqu’il n’ait qu’un paratonnerre accidentel, ne paraît pas avoir été foudroyé en cent soixante ans.

En 1814, à Plymouth, parmi un grand nombre de bâtiments qui séjournaient, comme d’habitude, dans Hamoade, l’un des trois ports de cette ville, un seul navire est atteint d’un coup foudroyant, et ce bâtiment est le seul aussi qui n’ait pas de paratonnerre.

Voici, enfin, un cas qui nous présentera, comme disait Fontenelle, la nature sur le fait :

Le 21 mai 1831, pendant un très-violent orage, le vaisseau le Caledonia était à la voile dans la baie de Plymouth. De la ville on voyait la foudre se précipiter vers la mer à de médiocres distances du vaisseau ; elle tombait aussi sur le rivage et y occasionnait divers accidents : entouré de tous ces coups foudroyants, le Caledonia, armé de ses paratonnerres, n’était jamais atteint, et il naviguait avec la même sécurité que par un ciel serein.