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18 avril une nouvelle décharge. Seulement, cette fois, le météore ne produisit absolument aucun dégât.

Je lis, dans un Mémoire de M. W.-S. Harris, qu’il y a en Devonshire six églises surmontées de clochers élevés ; que toutes les six, dans le court intervalle de quelques années, ont été frappées par la foudre ; qu’une seule l’a été sans avoir éprouvé de dommage, et que c’est précisément aussi la seule qui soit armée d’un paratonnerre.

Genève est fort exposée aux orages, et cependant les tours de sa cathédrale, quoiqu’elles soient l’édifice le plus élevé de la ville, quoiqu’elles dominent sur tous les objets placés dans les environs à une grande distance, jouissent depuis plus de deux siècles et demi du privilège de n’être point foudroyées. Au contraire, le clocher, beaucoup plus bas, de Saint-Gervais, est assez souvent endommagé par le météore.

Saussure cherchait, dès l’année 1771, la cause de cette singulière anomalie, et il la trouvait dans les conducteurs accidentels dont les tours de la cathédrale sont munies. La tour du milieu existe depuis près de trois cents ans, « et comme elle est toute en bois, dit Saussure, elle a dû toujours être, comme elle l’est encore actuellement, recouverte de fer-blanc de haut en bas ; or, il est aisé de concevoir qu’un volume aussi considérable de métal a toujours dû faire un excellent conducteur, et que sa large base communiquant avec toutes les parties de l’édifice a pu facilement rencontrer, dans son étendue, quelque matière qui achevât la communication. » Ajoutons, pour compléter l’explication de l’illustre physicien, que la communication avec le sol se faisait, à des degrés