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preuve la plus manifeste de l’efficacité des paratonnerres.

Dans la Carinthie, au château du comte Orsini, l’église, placée sur une éminence, était si souvent frappée de la foudre, il y arrivait tant d’accidents déplorables, qu’on avait fini par ne plus y célébrer le service divin en été. Dans le courant de l’année 1730, un seul coup de foudre détruisit entièrement le clocher. Après qu’il fut rebâti, ce météore continua, terme moyen, à le frapper quatre ou cinq fois par an. Dans ce calcul, je prie bien de le remarquer, on ne tient pas compte des orages extraordinaires pendant lesquels cinq, et même dix coups foudroyants, atteignaient le clocher dans une seule journée. Vers le milieu de 1778 , à la suite d’un de ces orages, le bâtiment menaçant de nouveau ruine, il fut démoli et reconstruit immédiatement après ; mais cette fois, on le munit d’un paratonnerre pointu et d’un bon conducteur. En 1783, date de la note de Lichtenberg où je puise tous ces détails, c’est-à-dire après une période d’environ cinq années, au lieu de vingt à vingt-cinq coups, le clocher n’en avait reçu qu’un, et celui-là même était tombé sur la pointe métallique, sans produire aucun accident.

Dans le printemps de l’année 1750, la foudre tomba sur la tour de l’horloge hollandaise de New-York. De la cloche, elle se rendit à l’église, établie 7 à 8 mètres plus bas, en suivant, à travers plusieurs plafonds, le fil métallique à l’aide duquel les rouages mettaient en mouvement le marteau des heures. Tant que le métal ne lui manqua pas, elle ne fit aucun dégât dans la bâtisse ; elle n’élargit même pas les trous qui donnaient passage au fil à travers