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LE TONNERRE.

J’ai lu quelque part, mais en ce moment je ne retrouve pas le passage, qu’à la suite de plusieurs zigzags, des éclairs, après s’être en quelque sorte reployés sur eux-mêmes, tournèrent vers la région d’où ils s’étaient originairement élancés[1]. Ce qui n’est qu’une très-rare exception dans les orages ordinaires se manifeste fréquemment, au contraire, au milieu des nuées volcaniques. Témoin ces paroles de Sorrentino sur l’éruption du Vésuve de 1707 ;

« Les habitants, dans l’obscurité la plus profonde, se trouvaient au milieu des éclairs (saette). Les éclairs qui sortaient de la fournaise du Vésuve ne dépassaient pas dans leur course le cap Pausilippe, où s’arrêtait aussi le nuage de cendres. Là, ils se repliaient et revenaient par le même chemin frapper la fournaise d’où ils étaient sortis. »

Sir William Hamilton ne s’explique pas avec moins de netteté : « Ces éclairs volcaniques (ceux de l’éruption du


    couraient dans ce mouvement rétrograde, ou de bas en haut, le tiers, la moitié même de l’intervalle compris entre les nuages et le sol se reployaient là de nouveau et allaient frapper quelque objet terrestre. Je n’ai pas inséré cette citation dans le texte, parce que le savant météorologiste anglais parle de la lenteur avec laquelle ces divers mouvements s’exécutent, et qu’une extrême vitesse est le trait caractéristique des éclairs de la première classe.

  1. Ne pourrait-on pas se croire autorisé à soutenir que les anciens avaient, eux aussi, remarqué les étranges, les inconcevables mouvements rétrogrades de la foudre, après avoir lu dans le livre ii de l’Histoire naturelle de Pline, ces quelques lignes : «Bien de plus important que d’observer de quelles régions viennent les foudres, et vers quelles régions elles s’en retournent. Leur retour aux parties orientales est un heureux augure. Quand elles viennent de cette première partie du ciel et qu’elles y retournent, c’est le présage d’une souveraine felicité. »