Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 4.djvu/388

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le fait suivant est en complet désaccord avec les idées dominantes sur l’influence que le temps orageux exerce sur le développement de certains insectes, et particulièrement des vers à soie.

Le 11 juin 1842, le tonnerre tomba sur une ferme située à Saint-Jean-du-Pin, près d’Alais, et y blessa gravement trois personnes qui se trouvaient accidentellement dans la magnanerie dépendante de l’établissement. Ni la vive lumière, ni le bruit, ni les vapeurs sulfureuses, ni la fumée, ni la matière de la foudre, ne portèrent le moindre préjudice aux vers à soie ; au contraire, ils parurent électrisés dans toute l’acception du terme, et continuèrent de travailler avec un redoublement d’activité.

Aux exemples que nous avons cités et qui nous présentent la foudre comme un instrument de dommages, je pourrais en joindre beaucoup d’autres dans lesquels ce météore a agi sur les végétaux d’une manière toute contraire. Je me bornerai à un seul, dont j’ai pu moi-même constater la réalité.

Il existait, il y a quelques années, entre Tours et Rochemort, un château, celui de Comacre, auquel on arrivait par une avenue de quinze cents peupliers. La foudre tomba sur un de ces arbres, et laissa, sur sa souche et sur le sol environnant, des marques évidentes de son action. Eh bien, à partir de l’événement, la croissance de l’arbre foudroyé devint tout à fait exceptionnelle, les dimensions de sa souche dépassèrent bientôt celles de tous les autres arbres de l’avenue, tellement que la différence frappait les personnes les plus inat-