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marche de la matière fulminante, on ne doit pas faire totalement abstraction de la vitesse acquise. On peut consulter à ce sujet la Description de Saint-Domingue de Moreau de Saint-Méry, tome ier, page 393 ; l’on y verra la foudre suivre régulièrement un conducteur, l’abandonner ensuite dans le point où la barre était ployée de telle sorte que ses deux parties formaient un angle aigu, pour aller, à travers l’air, frapper des objets situés sur le prolongement du premier côté de l’angle.

Les Mémoires de l’Académie de Lausanne, tome ier, nous montreront aussi la foudre se dirigeant très-obliquement sur le milieu d’une barre de fer horizontale, et ne s’y propageant, bien que tout fût symétrique de part et d’autre, que dans le sens du prolongement de son propre mouvement. Maintenant que la question est posée, des expériences de cabinet ne manqueront pas de faire prompte justice des considérations précédentes, si elles ne sont pas fondées ; en attendant, il ne pourra y avoir que de l’avantage à éviter, dans la forme du conducteur, des angles aigus, à ne passer d’une direction à une autre très-différente qu’à l’aide de courbes de raccord exemptes de tout changement brusque.

Le 16 décembre 1852, la foudre frappa le paratonnerre établi sur la tour du séminaire de Sainte-Anne d’Auray et en fit disparaître la tige ; le conducteur était brisé à l’endroit où, après avoir suivi le contour de la corniche, il se redressait pour redescendre verticalement jusqu’au sol.

C’est une nouvelle preuve de la nécessité qu’il y a à ne pas faire parcourir au conducteur des lignes offrant