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tière de la foudre ; cette matière n’a donc pas le moyen, comme dans le cas d’un puits, d’aller se répandre rapidement au loin par une multitude innombrable de fentes, de fissures remplies d’eau ou tout au moins d’humidité : après avoir un moment envahi le liquide de la citerne, la matière, faute d’écoulement, revient sur ses pas, remonte le long de la barre du conducteur et se précipite par un coup fulminant ou avec détonation sur quelque objet placé dans le voisinage.

Je sais très-bien qu’on aura le droit de demander des preuves à l’appui de cette théorie ; aussi je m’empresse de les fournir.

Le 19 juin 1819, la foudre tomba sur la principale aiguille de la cathédrale de Milan. Cette aiguille était armée d’un paratonnerre en bon état dont le conducteur plongeait dans un vaste puisard. Cependant, près de ce conducteur encore intact, on trouva, à diverses élévations, des marbres brisés et dispersés, des arabesques détruites, etc. Toute vérification faite par le professeur Configliachi, il fut constaté que le prétendu puisard était une véritable citerne dallée !

Le 4 janvier 1827, la foudre tomba sur le paratonnerre du phare de Gènes. Ce paratonnerre et le conducteur furent brisés en plusieurs points, quoique tout semblât en bon état, quoique le conducteur plongeât dans de l’eau ; mais cette eau était contenue dans une citerne étanche, de peu de capacité, creusée de main d’homme dans la roche sur laquelle le phare repose !

Quelque faible que soit la résistance qu’une barre métallique oppose au passage de la matière fulminante, il est