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M. Haindiger savant physicien autrichien, a publié récemment deux relations desquelles il résulte que les nuages où s’élaborent les coups foudroyants sont quelquefois beaucoup moins élevés qu’on ne le supposerait d’après les déterminations qu’on vient de lire.

Le 26 août 1827, il éclata pendant les vêpres un orage au-dessus du couvent d’Admont, en Autriche. Cet orage tua deux jeunes prêtres dans le chœur même de l’église. Le nuage d’où partit la foudre n’avait que 8 mètres d’épaisseur, et sa distance perpendiculaire au sol ne dépassait pas 28 mètres. Le couvent est dans la vallée ; un château situé sur le penchant de la colline et élevé à une hauteur verticale de 117 mètres, n’avait alors pour habitants que le gardien et sa femme. Pendant toute la durée de l’orage, ces deux individus virent la croix du clocher du couvent, haute de 36 mètres, dominer la couche nuageuse, dont la surface inférieure rasait une des fenêtres du clocher, percée à environ 28 mètres du sol.

Outre la couche de nuages dont nous venons de parler, qui couvrait toute la vallée, il en existait une autre plus élevée, et dont la hauteur exacte, déterminée par les repères auxquels elle correspondait, était d’environ 782 mètres. La distance qui séparait les deux couches étant de 696 mètres à peu près, c’est entre ces deux nuages que s’échangeaient les décharges, lesquelles paraissaient aller presque toujours du nuage inférieur au supérieur.

Il y eut à Graz, le 15 juin 1836, un orage remarquable. Pendant la durée, d’une heure au plus, la foudre tomba neuf fois, cinq fois avec inflammation.