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qu’on devrait, suivant moi, se servir. Je voudrais qu’on employât des aérostats captifs pour cette grande et belle expérience ; je voudrais qu’on les fît monter beaucoup plus haut que les cerfs-volants de Romas. Si en dépassant d’une centaine de mètres la couche atmosphérique où s’arrêtent ordinairement les extrémités des paratonnerres, de petites aigrettes deviennent des langues de feu de 3 à 4 mètres de long, que n’arriverait-il pas lorsque tout le système, suivant les circonstances, s’étant élevé trois, quatre.. dix fois plus, irait presque effleurer la surface inférieure des nuées ; lorsque aussi, et cette particularité a de l’importance, la pointe métallique soutirante qui serait en communication avec la longue corde demi-métallique faisant les fonctions de conducteur, étant fixée vers la partie supérieure du ballon, se présenterait aux nuages à peu près verticalement ou dans la position d’un paratonnerre ordinaire. Il n’y a rien de trop hasardé à supposer que, par ce système, on parviendrait à faire avorter les plus forts orages. En tout cas, une expérience qui intéresse si directement la science et la richesse agricole du pays mérite d’être tentée. Si l’on se servait de ballons de dimensions médiocres, la dépense serait certainement inférieure à celle de tant de décharges de boîtes, de canons, que s’imposent aujourd’hui, sans aucun fruit, les pays de vignobles.

C’est surtout dans les vignobles de la Bourgogne que les ravages occasionnés par la grêle sont considérables ; on calcula, en 1847, que les deux petites communes de Vaux et d’Arbuissonas avaient perdu, par l’action du météore, des récoltes dont la valeur dépassait un million