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aigrettes qui brillaient à la pointe du paratonnerre de Rochefort montraient clairement qu’il exerçait une forte action ; cependant, en l’absence de la déclaration du curé, nous n’aurions pas osé affirmer qu’un seul paratonnerre avait suffi pour enlever presque complètement au nuage son caractère orageux.

La propriété des paratonnerres, à laquelle nous venons de consacrer tant de pages, est d’autant plus développée que leur tige a plus de hauteur. Rien ne le prouve mieux que les nombreuses expériences faites avec des cerfs-volants, et, dans ce genre, rien n’a approché des résultats obtenus à Nérac par notre compatriote de Romas.

Cet intrépide physicien lança dans les airs, à des hauteurs de 130 à 160 mètres (4 à 500 pieds), un cerf-volant dont la corde était, comme les grosses cordes de violon, entourée d’un fil métallique. Pendant un orage très-médiocre, à peine accompagné de quelques légers coups de tonnerre, Romas tira de l’extrémité inférieure de la corde de son appareil, non plus de simples étincelles, mais des lames de feu de 3 mètres à 3m.25 (9 à 10 pieds) de longueur et de 27 millimètres (1 pouce) de grosseur. Ces lames faisaient autant de bruit qu’un coup de pistolet. En moins d’une heure, Romas en tira trente, sans compter un millier d’autres de la longueur de 2m.25 (7 pieds) et au-dessous.

Le physicien de Nérac remarqua plusieurs fois que, pendant la durée de ses expériences, les éclairs et le tonnerre cessaient totalement. Le docteur Lining (de Charlestown ) et M. Charles, quoique ayant opéré moins