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Toaldo parle d’un orage du 28 septembre 1773, qui embrassait simultanément l’espace compris entre Padoue, Trévise, Venise, et s’étendait bien au delà, qui dura plus de six heures, qui, pendant cette durée et partout où il régna, mettait le ciel tout en feu. Supposons que les diverses régions de cette immense nappe de nuages se trouvaient dans une certaine dépendance ; que l’état fulminant de chaque partie était lié à l’état fulminant moyen de l’ensemble, et personne ne pourra imaginer que les quelques paratonnerres renfermés dans l’enceinte de la ville de Padoue exerçaient une action assez puissante pour rendre partout les coups de foudre impossibles. Quand, au contraire, les nuées orageuses occupent un-espace restreint, et aussi dans certaines répartitions spéciales de la matière fulminante à leur surface, les effets amortissants d’un très-petit nombre de paratonnerres peuvent être prompts et efficaces. Plusieurs physiciens, entre autres Toaldo, assurent avoir vu deux fois à Nymphenbourg, en Allemagne, des nuées orageuses d’où partaient incessamment les plus vifs éclairs, s’avancer vers le château et n’être plus, après avoir dépassé les paratonnerres, que des nuées orageuses, que des nuées où n’apparaissait aucun jet lumineux, que des charbons éteints, car c’est l’expression dont Toaldo s’est servi.

En 1785, M. Cosson, curé de Rochefort, écrivait à l’abbé Bertholon que, le 4 décembre, un nuage « qui jetait beaucoup d’éclairs, et dans lequel grondait le tonnerre, devint tranquille et ne donna plus que quelques lueurs assez faibles aussitôt après que le vent d’ouest l’eut fait passer au-dessus du paratonnerre de l’église. » Les vives