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d’enlever aux nuées la matière fulminante dont elles sont imprégnées, comment éclate-t-il des orages au-dessus des villes où ces appareils abondent ?

La réponse est facile. Les paratonnerres s’approprient une partie de la matière fulminante dès nuées ; personne n’a prétendu qu’ils les en dépouillassent entièrement. Une pareille opinion serait d’autant moins justifiable, que les nuages orageux paraissent être dans une sorte de solidarité ; que d’ordinaire l’état fulminant d’un d’entre eux (qu’on me passe l’expression) ne peut être changé, qu’au même instant tous les autres nuages ne s’en ressentent jusqu’aux plus grandes distances. Voici comment ce fait capital est mis en évidence.

Reprenons le paratonnerre à conducteur brisé. Le temps est à l’orage. Des étincelles d’une certaine vivacité viennent de temps à autre remplir la lacune. Eh bien, presque tous les coups de tonnerre, forts ou faibles, voisins ou éloignés, amènent une altération subite[1] dans le nombre et dans la vivacité des étincelles. Le moment de cette altération coïncide à peu près exactement avec celui de l’apparition de l’éclair. Si le nuage orageux d’où le tonnerre est parti se trouve fort éloigné, l’affaiblissement des étincelles peut ainsi précéder d’une demi-minute, de trois quarts de minute, d’une minute entière et même de plus, le moment où le bruit du tonnerre arrive à l’oreille de l’observateur.

  1. Lorsque cette altération est étudiée à l’aide d’un instrument connu des physiciens sous le nom d’électromètre, les changements sont accusés avec une instantanéité remarquable, et ils peuvent de plus être mesurés.