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trerait dans la classe très-nombreuse de ceux où des hommes ont été tués à côté de barres métalliques interrompues, je veux dire de barres qui n’étaient pas en communication immédiate avec la terre ; mais ici tout annonce qu’il n’y eut pas de coup foudroyant extérieur[1] ; ici, la barre qui s’élevait sur le toit de la maison de Richmann à 1m.50 seulement de hauteur, la chaîne, la tringle inférieure, s’étaient silencieusement chargées de la matière de la foudre ; elles avaient peu à peu, et non d’une manière brusque, enlevé cette matière aux nuages ; et la quantité soutirée ainsi s’était trouvée suffisante pour tuer un homme, pour en renverser un second sans connaissance, pour fondre une certaine longueur de tringle de fer, pour produire dans plusieurs pièces de l’appartement du célèbre physicien de Pétersbourg de notables dégâts.

En présence de ces faits, j’attache peu de prix, je l’avoue, aux considérations théoriques d’après lesquelles on prétend réduire à des atomes la matière fulminante que les paratonnerres peuvent arracher aux nuages. Ces atomes, puisque atomes il y a, auraient en tout cas la force d’enfoncer les portes, de briser et de déplacer les meubles, de lézarder fortement les murs et de tuer les hommes.

Si les paratonnerres, disent les dissidents, ont la faculté

  1. Dans une relation publiée par M. Lomonosow quelque temps après la mort de Richmann, il était question de traits de feu que plusieurs voisins du savant physicien virent se diriger des nuages sur la barre du toit au moment même où le malheur arriva. Ces observations pourraient être contestées ; en tout cas, personne n’a prétendu avoir vu et entendu un véritable coup de tonnerre.