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élevée de la barre portait une pointe métallique rotative qu’on pouvait, à volonté, tourner vers le ciel ou du côté de la terre, en tirant seulement un cordon de soie.

La pointe étant renversée, l’appareil ne donnait pas d’étincelles ; on dirigeait subitement la pointe vers le ciel, peu d’instants après les étincelles paraissaient ; on tournait de nouveau la pointe vers la terre, plus d’étincelles.

Dans certaines circonstances atmosphériques, l’appareil donnait des étincelles quelle que fût la position de la pointe ; mais alors même on voyait facilement que ces étincelles étaient plus fortes et plus fréquentes lorsque la pointe était en haut que lorsqu’elle était en bas.

Cette expérience (il serait bien utile de la répéter) montre, sans équivoque, combien une tige pointue a plus d’action qu’une tige obtuse pour enlever graduellement aux nuées orageuses la matière fulminante dont elles sont chargées. Elle semble devoir trancher définitivement, en faveur des paratonnerres en pointe, le procès qui, vers le milieu du dernier siècle, eut tant de retentissement, et auquel, en haine de Franklin, le roi d’Angleterre lui-même prit une part active.

Ici viendra encore se placer une question de quantité. La matière fulminante que les paratonnerres en pointe soutirent aux nuées est-elle considérable ? Peut-il résulter de cette action un affaiblissement sensible des orages ? Là où il y aura beaucoup de paratonnerres, les coups de foudre seront-ils moins à redouter ? Des expériences de Beccaria m’ont fourni les éléments nécessaires pour éclaircir, je crois, tous ces doutes.