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lie en outre avec un conducteur convenable, on aura fait tout ce que la prudence la plus timide pouvait commander pour se garantir de la foudre.

Par conducteur convenable, j’entends d’une part celui qui s’enfonce dans le sol jusqu’au terrain humide, et de l’autre un conducteur assez massif pour transmettre les plus violents coups de foudre sans se fondre.

Les adversaires des paratonnerres ont beaucoup argumenté, contre ces appareils, de l’ignorance où l’on est, de l’ignorance où l’on restera peut-être longtemps encore touchant le maximum d’effet qu’un coup de foudre peut produire, touchant dès lors le maximum de dimension qu’il faut donner aux conducteurs. La difficulté, quoique réelle, n’a vraiment rien qui doive arrêter aujourd’hui. Si la dimension des conducteurs est empruntée à l’expérience, si celle qu’on adopte a résisté aux plus violents coups de foudre que les hommes aient enregistrés depuis trois ou quatre siècles, que peut-on raisonnablement exiger de plus ? De quoi s’inquiète l’ingénieur, quand il arrête la hauteur et la largeur des arches d’un pont, de la voûte d’un aqueduc, de la section d’un égout, etc. ? Il compulse, les archives de la science, il se tient quelque peu en dessus des dimensions qui lui sont dictées par les plus fortes crues, par les plus abondantes pluies qu’on ait jamais observées ; il remonte ainsi la chaîne des temps le plus loin que faire se peut, mais sans se préoccuper des bouleversements des révolutions physiques, des cataclysmes, antérieurs, aux époques historiques, dont les seuls géologues sont parvenus à saisir les traces et à mesurer l’importance. Le constructeur de