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églises, voisines où l’on ne sonnait pas furent épargnées. » L’observation a été rapportée d’une manière trop laconique. Les orages ravagent quelquefois de longues zones de terrain très-étroites ; n’en fut-il pas ainsi en Bretagne ? Les églises épargnées ne se trouvèrent-elles pas en dehors de la direction parcourue par les nuées orageuses ? Dans les clochers où l’on sonnait, la mort eu les graves blessures des sonneurs constatèrent, sans aucune équivoque, la chute du météore ; ailleurs, tout le dégât s’étant peut-être réduit à de légères lézardes dans les murs, ou à la chute de quelques plâtras, faudrait-il s’étonner qu’il n’eût point été remarqué ? Quelles étaient, au surplus, les hauteurs comparatives des clochers foudroyés et des clochers non foudroyés, etc., etc. ?

En présence de toutes ces incertitudes, l’observation de M. Deslandes n’a pas, on doit en convenir, le caractère d’une véritable démonstration ; la science ne peut guère enregistrer la conséquence qu’on en a déduite qu’à titre de simple probabilité[1].

On argumenta beaucoup, en août 1769, contre l’usage de mettre les cloches en branle quand le tonnerre gronde, de la chute de la foudre sur le clocher de Passy, où l’on n’avait pas cessé de sonner ; mais, toute vérification faite, il fut reconnu que, pendant la longue durée de l’orage, on ne sonnait pas avec moins d’ardeur à Auteuil et à

  1. Les nombreux et graves désastres du 15 avril 1718, ne firent aucun tort à la réputation des cloches dans l’esprit du peuple bas-breton : le 15 avril 1718 était le vendredi saint ; ce jour-là les cloches doivent rester muettes ; fallait-il donc s’étonner, se dit-on, que ceux qui en les mettant en branle avaient enfreint un des préceptes de l’Église, en eussent été punis ?