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J’emprunterai ce qu’on peut dire de plus spécieux, en point de fait, sur le danger qu’il y aurait à sonner les cloches pendant les orages, à un ancien volume des Mémoires de l’Académie des sciences. Durant la nuit du i/j au 15 avril 1718, dans l’espace compris entre Landerneau et Saint-Pol de Léon, en Bretagne, le tonnerre tomba sur vingt-quatre églises, et précisément, dit Fontenelle, sur celles où l’on sonnait pour l’écarter. M. Deslandes, qui transmit ces détails à l’Académie, ajoutait : « Des


    dience de Guatimala, lorsqu’une épaisse nuée de sauterelles fondit sur ce canton et le menaça d’une ruine complète. Au lieu d’employer contre ces insectes les moyens compliqués et assez peu efficaces auxquels on a quelquefois recours dans le midi de la France, les magistrats firent prendre aux habitants, des tambours, des trompettes, des cors, etc.; la population tout entière s’avança ensuite vers le territoire envahi, en faisant retentir l’air du bruit de ces divers instruments. Le bruit suffit pour chasser les sauterelles. On les poussa ainsi jusqu’à la mer du Sud, où elles trouvèrent leur tombeau !

    Ce moyen de chasser les sauterelles est également employé en Valachie, en Moldavie, en Transylvanie (Transac. philos., p. 1749). Il y a très-peu d’années, des milliards de ces insectes ayant envahi la Bessarabie, le gouverneur militaire de la province mit en réquisition un grand nombre de paysans et de soldats ; il les munit d’ustensiles de cuivre, de tambours, de trompettes, de portevoix, etc., et les lança à la poursuite de l’animal dévastateur. Le gouverneur avait eu l’idée bizarre de donner le commandement de l’expédition au célèbre poëte et fabuliste russe Pouschkin, alors exilé à Kicheneff ; le poëte déclina cet honneur : il voulait bien faire parler les bêtes, mais non pas les tuer !

    Ces effets, sur les sauterelles, d’un bruit très-intense, en les supposant bien constatés, auraient infiniment plus de prix que celui dont les historiens des croisades ont voulu conserver le souvenir lorsqu’ils racontent qu’au siége de Ptolémaïs (Saint-Jean-d’Acre) l’armée des chrétiens faisait tomber de très-haut, par ses clameurs, les pigeons messagers qui, suivant la coutume orientale, portaient des avis aux troupes musulmanes assiégées.