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« O Dieu, qui par le bienheureux Moïse, etc puissent ainsi être repoussées au loin les embûches de notre ennemi, le fracas de la grêle, la tempête des tourbillons de vent et la furie des ouragans ; que les tonnerres désastreux perdent de leur violence, etc

« O Dieu tout-puissant et éternel, etc faites que le son de cette cloche mette en fuite les traits de feu de l’ennemi des hommes, les coups de la foudre, la chute rapide des pierres, les désastres des tempêtes, etc ..... »

La cause, toute religieuse, que nous venons d’assigner à la coutume de sonner les cloches en temps d’orage n’est peut-être pas la seule qu’on puisse citer ; n’en aurai-je pas signalé une seconde, non moins puissante, en rappelant combien les hommes ont toujours éprouvé le besoin de s’étourdir par le bruit quand ils avaient peur ? Voyez le poltron dans l’obscurité : il chante ; voyez une ville en proie à la guerre civile, on y sonne le tocsin bien plus longtemps que cela eût été nécessaire comme signal, comme avertissement ? Les peuples sauvages , dans toutes les régions du globe, poussent aussi des clameurs assourdissantes pour faire cesser l’éclipse de soleil ou de lune qui les effraie[1].

  1. Il faut avouer qu’en prenant ainsi le bruit comme une sorte de panacée, on est arrivé à une découverte singulière que je consignerai ici sans aucun scrupule, malgré son peu de liaison avec la question du tonnerre ; il suffira pour qu’on m’excuse que cette découverte puisse être utile.

    Thomas Gage rapporte dans ses Voyages, que les populations américaines avaient recours à de grands bruits pour écarter un fléau moins redoutable en apparence que la foudre, mais en fait beaucoup plus destructeur.

    Vers le milieu du siècle dernier, Gage se trouvait à Mixco, au-