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discuter, et suivant laquelle le bruit de l’artillerie déchirerait les nuages, les morcellerait, les détruirait, et transformerait rapidement le ciel le plus nuageux en un ciel d’azur, à la supposition que le même effet doit résulter du retentissement prolongé d’une grosse cloche. Mais est-ce bien par cet ordre d’idées qu’on a été conduit à mettre les cloches en branle avec l’espérance de dissiper ainsi les orages ? J’oserais d’autant moins l’affirmer, que quelque érudit découvrira peut-être que l’usage de sonner les cloches est antérieur à l’invention de la poudre. On sera plus dans le vrai, je pense, si l’on cherche l’origine de cette singulière pratique dans des considérations religieuses.

Les cloches sont toujours bénies en grande pompe, quand on les met en place. Voici un extrait des oraisons dont, suivant le rituel de Paris, les églises retentissent dans ces cérémonies :

« Bénissez, ô mon Dieu, etc … et que toutes les fois qu’elle sonnera elle chasse au loin les malignes influences des esprits tentateurs, l’obscurité de leurs apparitions, l’arrivée des tourbillons, les coups des foudres, les dommages des tonnerres, les calamités des ouragans et tous les esprits des tempêtes, etc ….


    lente commotion dans l’air, lorsqu’on a un orage au-dessus de soi.»

    (Histoire de l’Académie, 1747, p. 52.)

    Un arrêt du parlement, en date du 21 mai 1784, homologua une ordonnance du bailliage de Langres qui défendait expressément de sonner les cloches quand il tonne. Deux ans auparavant semblable défense avait été faite dans le Palatinat, par l’électeur Charles-Théodore. On pourrait aussi citer des mandements en vertu desquels la même pratique était proscrite dans l’étendue de plusieurs diocèses.