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tie des retranchements de la ville ; la nuit, le signal donné par le commandant sera suivi d’un feu général des batteries et des vaisseaux, et cela n’empêchera pas qu’il n’éclate un orage accompagné, dit Duguay-Trouin, des éclats redoublés d’un tonnerre affreux : qui se succéderont les uns aux autres sans laisser presque aucun intervalle.

Voilà une expérience dans laquelle se trouvaient assurément réunies toutes les conditions désirables de succès et cependant mille et mille détonations bien plus intenses que celles des petits canons, des petites boîtes du Maçonnais, n’empêchèrent pas l’orage de naître, et, une fois formé, ne le dissipèrent pas.

Si un seul fait, celui que j’ai emprunté à Forbin, n’a pas semblé démontrer suffisamment que des détonations ont la propriété de dissiper les orages, on pourra bien ne point voir dans le fait isolé que, d’autre part, j’ai tiré des Mémoires de Duguay-Trouin la preuve de la thèse inverse. Sans aucun doute, celui qui aurait sous la main les annales détaillées des dernières guerres y trouverait une multitude de documents propres à éclaircir la question que nous venons de débattre. J’en rapporterai deux qui me reviennent à la mémoire, dans l’espérance qu’ils provoqueront des citations analogues.

Le 25 août 1806 était le jour qu’on avait choisi pour l’attaque de l’île et de la forteresse de Dannholm, près de Stralsund ; le général Fririon, afin d’occuper et de fatiguer la garnison suédoise, la fit canonner toute la journée. Malgré ces vives et continuelles décharges d’artillerie, un violent orage éclata sur les neuf heures du soir !

Par une rencontre singulière, le Duke, vaisseau anglais