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de Chevriers, ancien officier de marine, retiré dans sa terre de Vaurenard (Maçonnais), imagina de combattre le fléau de la grêle de la manière dont il avait vu en mer dissiper, à ce qu’il croyait, les nuées orageuses, c’est-à-dire à l’aide des explosions de l’artillerie. Il consommait annuellement, pour ce seul objet, 100 à 150 kilogrammes de poudre de mine.

Le marquis de Chevriers mourut au commencement de la Révolution ; mais les habitants de sa commune, convaincus de la bonté du procédé qu’il avait mis en usage, continuèrent à l’employer. Je trouve dans un Mémoire rédigé sur les lieux par M. Leschevin, commissaire en chef des poudres et salpêtres, qu’en 1.806, les boîtes ou les canons étaient en usage dans les communes de Vaurenard, d’Iger, d’Azé, de Romanèche, de Julnat, de Torrins, de Pouilly, de Fleury, de Saint-Sorlin, de Viviers, des Bouteaux, etc. La commune de Fleury se servait d’un mortier qui recevait 500 grammes de poudre à la fois ; d’autres employaient des boîtes plus ou moins larges ; c’est ordinairement sur les hauteurs que les décharges se faisaient. La consommation de poudre de mine était, pour ce seul objet, de 4 à 500 kilogrammes par an.

Le procédé du marquis de Chevriers n’est pas resté concentré dans le Mâconnais. Naguère, un maire des environs de Blois m’apprenait que dans sa commune on tirait également des boîtes à l’approche des orages, et désirait savoir si la science avait légitimé cette coutume, ce qui, par parenthèse, ne semblait pas indiquer que l’usage en eût complètement démontré l’efficacité.

La méthode mâconnaise ou bavaroise de dissiper les