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époque cette pratique est-elle née ? Je ne saurais le dire avec exactitude ; mais tout me porte à penser qu’elle n’est pas très-ancienne. Dans la première Encyclopédie, dont la publication remonte à 1760, je lis à l’article orage de M. de Jaucourt : « Nous avons ouï dire plus d’une fois à nos militaires que le bruit du canon dissipe les orages et qu’on ne voit jamais la grêle dans les villes assiégées Cet effet du canon ne me paraît pas hors de toute vraisemblance. Après tout, que risquerait-on à faire un essai ? quelque quintal de poudre, les frais du transport de quelques pièces de canon, qui ne vaudraient pas moins après avoir été employées à cet usage. Peut-être qu’au moyen de cette espèce de mouvement d’ondulation qu’on exciterait dans l’air par l’explosion de plusieurs canons tirés les uns après les autres, on pourrait ébranler, dissiper les nuages qui commencent à fermenter. »

Il ressort avec évidence de tout ce passage qu’en 1765, l’emploi des canons ou des boîtes à feu, comme moyen de dissiper les orages, n’était pas passé dans la pratique, que les auteurs le recommandaient encore à titre d’important sujet d’expériences ; mais, à la date de 1769, on avait fait un pas de plus. Je trouve, en effet, dans le tome viii de l’Histoire de l’air et des météores, qu’en mai 1769, le comté de Chamb, en Bavière, essuya de violents orages ; que les campagnes furent ravagées, excepté cependant « celles dont les habitants ont introduit l’usage de faire, aux premiers coups de tonnerre qui se font entendre, des décharges multipliées de boîtes et de petits canons. »

C’est vers la même année, 1769, que M. le marquis