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cependant je ne pense pas aujourd’hui que la question soit tranchée. Les hauts-fourneaux abondent en Angleterre partout où il y a beaucoup de mines métalliques ; la rareté des orages dans ces localités peut donc tout aussi bien être attribuée à la nature du sol qu’à l’action des énormes feux que nécessite le traitement des minerais. En 1831, lorsque je rédigeais l’éloge de Volta, j’avais négligé une des faces de la difficulté.

Dans l’expérience qui se continue actuellement près de Césène, dans celle du Cornouailles dont je viens de parler, il est question d’apprécier l’effet simultané d’un grand nombre de feux. Quant à un feu unique, quelque considérable qu’il soit, nous pourrons prouver, je crois, que son action ne va seulement pas jusqu’à dépouiller de leur matière fulminante les nuages les plus rapprochés, ceux qui lui correspondent verticalement.

Qu’on se reporte au 1er juillet 1810, au bout de la rue du Mont-Blanc et à l’hôtel Montesson, occupé par le prince de Schwartzenberg. C’étaient le jour et l’emplacement de la fête donnée par l’ambassade d’Autriche à Napoléon et à Marie-Louise. Au milieu de la nuit, une salle de bal immense fut incendiée. Les vastes colonnes de flamme, dont les pompiers ne purent se rendre maîtres, n’empêchèrent pas qu’à la fin de la nuit il n’éclatât un épouvantable orage. Les éclairs se succédaient alors avec une rapidité effrayante et embrasaient le firmament ; le tonnerre grondait sans intermittences ; enfin, il tomba des torrents de pluie qui éteignirent les derniers tisons.