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rapporter est beaucoup moins fabuleux. Voici un fait. que je dois à l’amitié de M. Matteucci.

Il existe près de Césène, en Romagne, une paroisse dans toute l’étendue de laquelle, à 12 kilomètres à la ronde, d’après les conseils du curé, les paysans placent, de 15 en 15 mètres, des tas de paille et de bois léger. Quand un orage approche, on met le feu à tous ces monceaux de paille. Cette pratique est en usage depuis trois ans, et depuis trois ans la paroisse n’a pas eu à souffrir des orages, et depuis trois ans son territoire n’a pas été grêlé, et cependant il l’était jadis tous les ans, et cependant, dans les trois dernières années, le météore a ravagé les paroisses voisines.

Trois ans ne sont pas un espace de temps assez long pour qu’on puisse encore se prononcer définitivement sur la faculté préservatrice des grands feux. Au reste, l’expérience se continue, et on ne manquera pas de tenir le public au courant des résultats qu’elle pourra fournir.

Lorsque je rappelais, dans l’Éloge de Volta (voir t. i, p. 206), les idées de cet illustre physicien sur le rôle avantageux que de grandes flammes pourraient jouer pendant les orages, je m’imaginais qu’on obtiendrait à cet égard quelques notions encourageantes, si l’on comparait les observations météorologiques des comtés de l’Angleterre que tant de hauts-fourneaux et d’usines transforment nuit et jour en océans de feu, à celles des comtés agricoles environnants.

La comparaison a été faite, ainsi qu’on a pu le voir page 170 et suivantes : les régions agricoles comptent sensiblement plus d’orages que les régions des mines, et