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ches dans les champs pour écarter la grêle et les orages. Hâtons-nous d’ajouter, car sans cela les admirateurs fanatiques de l’antiquité trouveraient dans cette citation une preuve manifeste de l’ancienneté des paratonnerres de Franklin, hâtons-nous d’ajouter que les perches restaient inefficaces, à moins qu’elles ne fussent surmontées de morceaux de papier. Ces papiers ou parchemins étaient sans doute couverts de caractères magiques, puisque Charlemagne, en proscrivant cet usage par un capitulaire de l’an 789, le qualifiait de superstitieux.

§ 2. — Effets des grands feux allumés en plein air.

Certaines expériences de physique ont conduit à supposer que de grands feux enlèveraient aux nuées la majeure partie de la matière fulminante qu’elles charrient. Ces feux deviendraient ainsi (telle est, par exemple, l’opinion de Volta) le meilleur moyen de prévenir les orages ou de les rendre peu redoutables. Voyons si l’observation est venue à l’appui de ces conjectures.

Je laisse entièrement de côté l’idée bizarre que les sacrifices à ciel ouvert des anciens, que les flammes éclatantes des autels et les noires colonnes de fumée qui du corps des victimes s’élevaient dans les airs, que toutes les circonstances enfin des cérémonies destinées, suivant le vulgaire, à désarmer le bras fulminant de Jupiter, constituaient de simples expériences de physique dont les prêtres seuls possédaient le secret, et qui n’avaient, au fond, d’autre but réel que l’affaiblissement ou même l’amortissement graduel et complet des orages. Ce que je vais