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Photius, qu’il avait reçu deux épées, l’une des mains de Parisatis, mère d’Artaxercès, l’autre des mains du roi lui-même. Puis il ajoute : « Si on les plante dans la terre, la pointe en haut, elles écartent les nuées, la grêle et les orages. Le roi, poursuit-il, en fit l’expérience devant moi, à ses risques et périls. »

Ce passage, sans doute fort curieux, a-t-il réellement toute l’importance qu’on lui a accordée ? Il est aujourd’hui bien établi, je ne dirai pas qu’une courte épée, mais encore qu’une tige métallique élancée, pointue, placée sur le faîte d’un bâtiment, n’écarte pas les nuées. À cet égard, on ne peut douter que les Perses ne se soient trompés ; on doit admettre, au moins, que leur opinion était évidemment dénuée de preuves ; ce point une fois reconnu, ne doit-on pas supposer que le médecin d’Artaxercès se rendait aussi l’écho d’une conjecture hasardée, sans base solide, quand il dotait son épée d’une seconde propriété, celle d’écarter les orages ? En tout cas, et ce ne serait pas la première fois que la vérité aurait souffert d’un fâcheux voisinage, faudrait-il s’étonner que l’expérience des deux lames d’épée fût passée inaperçue, lorsque, dans le chapitre où elle est consignée, Ctésias fait mention, avec la même assurance, d’une fontaine de seize coudées de circonférence, sur une orgyie de profondeur, qui s’emplissait tous les ans d’un or liquide ; lorsqu’il ajoute que tous les ans aussi on remplissait cent cruches de cet or. Ces cruches, dit-il encore, doivent être de terre, parce que l’or venant à se durcir, il est nécessaire de les briser pour l’en tirer.

Au siècle de Charlemagne, on élevait de longues per-