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Veut-on une autre preuve de l’inefficacité des arbres comme paratonnerres, ou comme moyen de sûreté pour les habitations qu’ils entourent ? Je la trouverai dans les circonstances du coup de foudre qui, le 17 août 1789, frappa la maison de M. Thomas Leiper, près de Chester, aux États-Unis. Ces circonstances, je les extrais d’une Note publiée en 1790 par le célèbre David Rittenhouse.

L’habitation de M. Leiper est établie au bas d’un pli de terrain assez prononcé. Dans la direction de l’ouest, le sol, à la courte distance d’une vingtaine de mètres, est déjà à un niveau plus élevé que le faîte de la maison. Sur ce terrain existe d’ailleurs une allée de grands chênes. L’orage venait de l’ouest ; avant de se trouver dans la verticale de la maison, il était donc passé sur des arbres beaucoup plus élevés que les toits, et même que les cheminées. Tout cela demeura sans effet : les arbres restèrent intacts et la maison fut foudroyée[1].

CHAPITRE XLII.
des moyens à l’aide desquels on a prétendu préserver de la foudre des villes entières, et même de grandes étendues de pays.
§ 1. — Procédé des anciens.

Ctésias de Gnide, un des compagnons de Xénophon, raconte, dans un passage qui nous a été conservé par

  1. On peut expliquer théoriquement cette anomalie d’une manière satisfaisante, en se rappelant que la colline couverte d’arbres, est un roc aride et sec surmonté de quelques centimètres de terre seulement ; que la maison était presque entourée d’eau, qu’on l’avait armée de deux paratonnerres avec leurs accessoires, que plusieurs gouttières de métal allaient du faîte aux fondations.