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besoins du charronnage et de la menuiserie, les arbres sont frappés de la foudre beaucoup plus qu’on ne l’imagine. Lorsqu’on les scie, lorsqu’on en fait des madriers ou des planches, il se montre une multitude de fentes, de fissures, qui évidemment ont eu un coup de foudre pour cause première.

Cette observation concorde avec une remarque que

M. de Tristan a déduite de l’observation de soixante-quatre orages distincts et accompagnés de grêle, qui, dans l’espace de vingt-six ans (du 1er janvier 1811 au 1er janvier 1827), occasionnèrent de grands dommages en divers points du département du Loiret, voisins de la forêt d’Orléans. M. de Tristan a reconnu qu’un orage, quand il passe sur une vaste forêt, s’affaiblit notablement.

D’après ces observations, il paraît incontestable que les arbres soutirent aux nuages orageux une partie considérable de la matière fulminante dont ils sont chargés. On peut donc les considérer comme un moyen d’atténuer la gravité des coups foudroyants ; mais c’est aller au delà des limites de l’observation, que de les doter d’une vertu préservatrice absolue. Voici, au surplus, des faits qui montreront combien mes doutes sont fondés.

Le 2 septembre 1816, le tonnerre tomba à Conway (Massachusetts).sur l’habitation de M. John Williams, et y produisit de grands dégâts. Cependant, dans le voisinage existaient des peupliers d’Italie, de 18 à 24 mètres de haut, et dont les sommités dépassaient le toit du bâtiment de 9 à 12 mètres. Un des peupliers n’était qu’à 1m.80 de distance du point par lequel le tonnerre pénétra dans la maçonnerie. Aucun de ces arbres n’avait été frappé.. @