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rence les lieux élevés. On a cru pouvoir conclure, de ce fait incontestable, qu’un objet quelconque est toujours garanti par un objet plus haut, situé dans son voisinage ; qu’une maison, par exemple, n’a rien à craindre du météore, quand elle est entourée de clochers ; mais on n’a pas réfléchi que des circonstances spécifiques, visibles ou cachées, peuvent compenser, et au delà, les influences d’une plus grande hauteur. Les faits légitiment cette objection.

Le 15 mars 1773, la foudre tomba à Naples sur le maison habitée par lord Tilney, quoique cette maison fût dominée de tous les côtés, à quatre ou cinq cents pas de distance, par les coupoles et les tours d’un grand nombre d’églises. Ajoutons que ces coupoles et ces tours étaient alors mouillées par une abondante pluie.

On pourrait citer cent exemples de laboureurs tués par la foudre précisément à côté de meules de foin ou de tas de gerbes de blé deux ou trois fois plus hauts qu’eux et qui n’avaient pas été frappés[1].

§ 2. — Est-il vrai que des arbres qui dominent une maison à de petites distances, la mettent complétement à l'abri des atteintes de La foudre, ainsi que le prétendent beaucoup de physiciens ?

Si l’on s’en rapporte au témoignage de ceux qui achètent et exploitent de grandes étendues de forêts pour les

  1. Les pierres de foudre étaient jadis considérées comme un préservatif contre les effets destructeurs du météore. Il suffisait, dès le début d’un orage, de frapper trois coups, avec une de ces pierres, sur toutes les faces de quelque habitation que ce fût ; ensuite on n’avait rien à redouter ! Il ne faudrait pas aller bien loin, pour trouver encore de nos jours cette absurde pratique en crédit ; un préjugé qui se fait l’auxiliaire de la peur, ne manque jamais d’avoir une longue durée.