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À la fin d’août 1750, ce physicien montait en voiture la petite montagne de Boyer, à peu de distance de Senecey, entre Chalon-sur-Saône et Tournus. Aux trois quarts de la hauteur de cette montagne, s’était arrêté un nuage dans lequel le tonnerre grondait de temps en temps. Bientôt M. Richard l’atteignit. Dès ce moment, la foudre ne se manifesta plus par des coups brusques et des intervalles de silence. Elle faisait un bruit continuel semblable à celui d’un tas de noix que « l’on roulerait sur des planches. » Au sommet de la montagne, l’observateur se trouva au-dessus de la nuée : elle n’avait pas cessé d’être orageuse, car de brillants éclairs la sillonnaient, car il en partait de fortes détonations.

Le second exemple que je citerai n’aura pas pour garant un physicien. Peut-être sera-ce un avantage, les circonstances, d’ailleurs peu nombreuses et très-simples du phénomène, ayant été recueillies par une personne qui n’avait pas de système à faire prévaloir. J’écris ce qu’on va lire, sous la dictée de ma soeur :

« Il y a quelques années, je partis un matin, avec deux de mes amies, du village d’Estagel, pour me rendre à Limoux. Notre voiture avait déjà gravi une bonne partie de la route sinueuse et rapide du col Saint-Louis, lorsque toute la vallée se couvrit subitement de nuages orageux sur la nature desquels on ne pouvait pas se méprendre, puisqu’il en sortait de brillants éclairs, puisque de forts coups de tonnerre se faisaient entendre. Mes compagnes et moi, nous désirions rétrograder ; le cocher fut d’un avis contraire : il alla donc à la rencontre de l’orage. Comme nous avions grand’ peur, nous fermâmes les yeux