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§ 5. — Les nuages d’où les éclairs et la foudre s’échappent incessamment, sont-ils constitués, comme quelques physiciens le supposent, de telle sorte qu’il y ait danger de mort à les traverser.

La constitution intime des nuées est trop imparfaitement connue pour qu’on ait été à même d’apprécier, d’après des considérations théoriques, le danger qu’il pourrait y avoir à trop approcher du foyer d’un orage. Sur ce point, l’opinion générale me paraît bien plutôt une affaire de sentiment que le résultat d’une discussion approfondie. De noirs nuages lancent quelquefois au loin la destruction, l’incendie et la mort ! Que ne doivent-ils pas faire de près ? Tel est l’aperçu vague auquel on s’est arrêté. Volta, lui-même, n’avait peut-être pas d’autre guide lorsque, dans son Mémoire sur la formation de la grêle, il traitait de hardiesse inouïe le projet de traverser une nuée orageuse. Quoi qu’il en soit, la question m’a paru mériter d’être examinée. Il importait de savoir si les météorologistes pouvaient conserver l’espoir d’aller, tôt ou tard, étudier la foudre dans la région même où elle s’élabore ; il était bon aussi d’apprécier à sa juste valeur le danger que l’on court dans certaines montagnes où les orages naissent avec trop de rapidité pour que les voyageurs aient le temps de leur échapper. Ma tâche, au reste, se bornait à rechercher si des personnes s’étaient jamais trouvées au milieu de nuages, foyer d’un orage déclaré, sans y périr ; mais je ne devais admettre que des observations nettes, précises, exemptes d’ambiguïté. Tous ces caractères, je les ai trouvés réunis dans une relation de l’abbé Richard, auteur de l’Histoire de l’air et des météores.