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du vent comme étant très-fort en ce moment. Tout porte donc à croire que le bâtiment était momentanément soulevé du côté du point d’attache de l’extrémité inférieure de la chaîne conductrice ; malheureusement, on ne saurait dire de combien, et cette circonstance atténue beaucoup le mérite de la conjecture que je viens de hasarder.

À bord de la Junon, tout le monde était convaincu que la foudre avait quitté le conducteur par l’effet du vent très-violent qui soufflait alors. Il est, assurément, bien loin de ma pensée de regarder cette explication comme suffisante. D’un autre côté, cependant, je n’oserais la déclarer indigne d’examen. Sous le vent de la chaîne métallique conductrice, comme sous celui des cordages, des mâts, etc., il devait y avoir, par suite d’un phénomène bien connu des hydrauliciens sous le nom de communication latérale de mouvement, une sorte de vide, c’est-à-dire un petit espace dans lequel la pression atmosphérique était considérablement affaiblie. Or, nier sans réserve toute influence de cette diminution brusque de pression, ne serait pas d’un esprit philosophique, surtout en présence de tant d’observations de physique que nous développerons plus tard, c’est-à-dire quand nous rapprocherons les phénomènes de l’électricité artificielle de ceux de la foudre.

Je viens de parcourir les considérations diverses sur lesquelles on a pu se fonder pour conseiller de ne pas courir quand il tonne. Maintenant, il est permis de se demander si, en temps d’orage, ce qu’on gagne à rester immobile ou à marcher lentement, quant au danger d’être foudroyé, est une compensation suffisante du désagrément d’être mouillé par une forte averse.