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Le fait de la chute de la foudre ne paraît pas douteux. En effet, immédiatement après l’explosion, il se manifesta dans tout le navire une forte odeur de soufre. Les personnes qui se trouvaient sur le gaillard d’arrière virent d’ailleurs une flamme se détacher de la chaîne conductrice. Cette flamme se montra en un point situé à moitié de la distance entre la grande hune et le bastingage, et alla à bâbord se perdre dans les flots, tandis que l’extrémité de la chaîne plongeait dans la mer du côté opposé, c’est-à-dire à tribord ; j’ajoute, enfin, qu’au moment du coup de tonnerre, un des matelots de l’équipage fut si complétement asphyxié qu’on le crut mort.

Après l’accident, on s’assura que la chaîne, composée de fils de cuivre tordus à la manière des cordages et formant un cylindre d’environ 1 centimètre de diamètre, n’avait été rompue en aucune de ses parties. La pointe de la flèche métallique vissée sur la tête du grand mât et avec laquelle la chaîne conductrice communiquait, était seule brûlée.

Le fait d’une décharge latérale de la foudre provenant du conducteur, est actuellement connu dans tous ses détails. Il resterait à en trouver l’explication. La première qui se présente à l’esprit consiste à dire que la chaîne métallique était d’un diamètre beaucoup trop petit. Ne pourrait-on pas supposer, pour ajouter à la force de l’objection, qu’au moment de la décharge, l’extrémité de la chaîne ne plongeait pas dans l’eau ? Cette extrémité s’attache à une latte de cuivre, ordinairement clouée sur les deux ou trois premières virures de la flottaison. La latte est à tribord ; tribord était au vent, et dans la relation on parle