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qui détermine chacun à calfeutrer les plus petites ouvertures (Salverte. Des sciences occultes). N’est-il pas remarquable que des idées religieuses aient conduit les Juifs, dans certaines contrées, à faire exactement le contraire des Esthoniens. Dès que l’éclair sillonne la nue, les Juifs, dit l’abbé Deehman, ouvrent portes et fenêtres, afin que le Messie, dont la venue doit être annoncée par un orage, puisse entrer librement dans l’habitation qu’il voudra choisir.

Examinons, au surplus, la pratique en elle-même, autant que l’état de la science peut le permettre.

L’atmosphère oppose une certaine résistance au passage de la matière de la foudre. Il est probable que cette résistance diminue quand la température et l’humidité augmentent, quand la pression barométrique s’affaiblit. Ainsi, tout ce qui amoindrit la densité de l’air en un point donné tend, peu ou prou, à y appeler la foudre. Or, un homme qui court par un temps calme laisse derrière lui un espace où, mathématiquement parlant, l’air est raréfié. À parité de circonstances, cet espace sera donc celui où les coups de foudre deviendront le plus imminents.

Voici un fait dont les circonstances m’ont été communiquées par mon illustre confrère l’amiral Roussin, et qui peut-être sera considéré comme quelque peu favorable aux conjectures qu’on vient de lire.

La frégate la Junon, faisant route pour l’Inde, fut assaillie, le 18 avril 1830, à peu de distance des Canaries , par un violent orage pendant lequel, malgré son paratonnerre, la foudre tomba à bord.