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mouvement des nuages. Ces deux recommandations, examinées au fond, reviennent à celle-ci : il faut éviter de se trouver dans un courant d’air.

Un courant d’air attirerait-il donc réellement la foudre, faciliterait-il sa chute ? À défaut de moyens décisifs de trancher cette question, on a cité l’usage de fermer les fenêtres dès qu’un orage se manifeste, comme le résultat d’une véritable expérience ; on a pensé que les peuples les plus éloignés ne se seraient pas généralement accordés à se clore quand le tonnerre gronde, si cette pratique n’avait aucun avantage. Ai-je besoin de faire remarquer qu’il n’est pas de préjugé populaire qu’on ne puisse justifier en raisonnant ainsi ?

Pendant un orage, il pleut, il vente fortement ; l’usage de fermer les portes et les fenêtres a donc pu naître, tout simplement, de la nécessité de se garantir du vent et de la pluie. Nous savons toutefois que, dans quelques pays, cet usage est appuyé sur des idées superstitieuses. En Esthonie, par exemple, c’est la peur de laisser entrer le malin esprit que Dieu poursuit quand le tonnerre gronde,


    les ranger parmi les corps non conducteurs que la foudre respecte, ou, du moins, qu’elle frappe rarement.

    Des différences aussi tranchées ne peuvent pas exister sans qu’il y ait également des nuances. Or, chaque degré de conductibilité correspond en temps d’orage à une certaine mesure de danger. L’homme, conducteur comme le métal, sera aussi souvent foudroyé que le métal ; l’homme qui interrompt la communication dans la chaîne, n’aura guère plus à craindre que s’il était de verre, de résine. Entre ces limites il se trouvera des individus que la foudre frappera à l’égal du bois, des pierres, etc. Ainsi dans les phénomènes du tonnerre, tout ne gît pas dans la place qu’un homme occupe : la constitution physique de cet homme, joue aussi un certain rôle.