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deux derniers périrent. Le cinquième, celui du milieu, n’eut aucun mal[1].

Un de mes amis m’apprend qu’on lui raconta, il y a quelques années, dans une ville de Franche-Comté, et cela peu de jours après l’événement, que la foudre étant tombée en plein champ sur une file de cinq chevaux, tua le premier et le dernier. Les trois autres ne semblaient pas même blessés[2].

Quand elle rencontre une barre métallique, la foudre, tout le monde le sait et le comprend, ne produit guère de dégât notable qu’à l’entrée et à la sortie. On conçoit aisément qu’il en soit de même de toute autre nature de corps ; mais que cette règle puisse être étendue au cas où il y a de larges solutions de continuité ; que trente-deux chevaux, par exemple, espacés comme ils le sont ordinairement dans une écurie, doivent être considérés, quant aux effets de la foudre, comme une masse unique ayant un commencement et une fin, on l’aurait, je crois, diffici-

  1. Je rapporte ce fait à l’appui de la proposition inscrite en tête de ce paragraphe, quoiqu’à l’époque de l’événement on crût à Flavigny avoir expliqué tout ce qu’il offrait d’extraordinaire, par la remarque que le cheval épargné était aveugle et les quatre autres chevaux clairvoyants.
  2. En l’an ix, la foudre tomba à Praville, près de Chartres, sur un moulin à vent, y mit le feu et tout fut consumé. Pendant ce temps, le meunier cheminait entre un cheval et un mulet chargés de grains. Les deux animaux, frappés du même coup, restèrent morts sur la place. Le meunier en fut quitte pour un fort étourdissement, pour quelques mèches de cheveux brûlés et pour la perte de son chapeau.

    Je n’ai pas donné place à cet événement dans le texte, parce qu’il me semble moins démonstratif que les autres ; parce qu’il n’est pas évident de soi-même que la foudre tue avec une égale facilité toutes les espèces d’animaux ; parce qu’il me paraît établi, au contraire, d’après un certain ensemble de faits, que les hommes résistent plus