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Donnez à l’orage un tant soit peu plus d’intensité , et le léger galon d’or, et le petit bouton de métal deviendront, dans des circonstances pareilles à celles du Bréven, des causes d’explosion, et M. Jalabert sera foudroyé plutôt que ses voisins, dont les chapeaux ne sont ornés ni de galons d’or, ni de boutons de métal.

Voici un fait rapporté par Constantini en 1749, et qui va encore plus directement au but :

Le temps étant orageux, une dame étend la main pour fermer sa fenêtre ; la foudre part, et le bracelet d’or


    minante pendant une averse de neige, devient sonore à un degré étonnant ; qu’il suffit d’y agiter les doigts avec quelque vitesse pour engendrer des sons musicaux. Toutefois, en rendant compte dans le chapitre xxx des aigrettes lumineuses des temps d’orage, je n’ai pas eu la hardiesse de mentionner les singulières propriétés acoustiques qu’on disait être la conséquence de la disposition atmosphérique en question. Une note que je viens de trouver dans l’Encyclopédie du docteur Brewster, sans dissiper complètement mes doutes, les a un peu affaiblis ; voilà pourquoi je reviens sur ce sujet.

    En juillet dit le célèbre physicien d’Edinburgh, MM. Tupper et Lanflar, étant arrivés, dans leur descente de l’Etna, à peu de distance de la maison dite des Anglais, furent surpris par une forte averse de neige, accompagnée de violents coups de tonnerre. Dans cette position, les deux voyageurs et leur guide entendaient, comme Saussure, Jalabert, etc., un simple bruit sifflant, toutes les fois qu’ils tenaient le bras en l’air en ne laissant qu’un doigt de la main ouvert ; mais lorsqu’ils déplaçaient le doigt à travers cette atmosphère neigeuse, dans divers sens et avec rapidité, ils pouvaient, à volonté, engendrer une grande variété de sons musicaux, dont l’intensité était telle qu’on les entendait parfaitement à la distance de 13 mètres.

    Je sais très-bien ce qu’on trouvera de difficulté à concevoir comment des décharges partant des flocons de neige, ont pu avoir dans leur espacement la régularité que la production de sons musicaux paraît exiger ; mais où en serions-nous si nous nous mettions à nier tout ce qu’on ne sait pas expliquer ?