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que, dans toute l’étendue des taches blanches, le poil se détachait en quelque sorte de lui-même, et que, dans le reste du corps, il avait conservé son adhérence ordinaire.

« Quand le ciel était orageux, Tibère ne manquait pas de porter une couronne de laurier, d’après l’idée que la foudre ne touche jamais cette sorte de feuillage. » (Suétone.)

« Les Chinois regardent le mûrier et le pêcher comme de bons préservatifs contre les coups de foudre. » (Édouard Biot.)

L’opinion que certains arbres ne sont jamais frappés de la foudre est encore fort répandue.

M. Hugh Maxwell écrivait, en 1787, à l’Académie américaine que, d’après sa propre expérience et les renseignements qu’il avait recueillis auprès d’un grand nombre de personnes, il se croyait en droit d’affirmer que la foudre frappe souvent l’orme, le châtaignier, le chêne, le pin ; qu’elle atteint quelquefois le frêne ; que jamais elle ne tombe sur le hêtre, le bouleau, l’érable.

Le capitaine Dibden n’admettait pas des différences aussi tranchées. Dans une lettre à Wilson, en date de 1764, il se contentait de dire que, dans les forêts de la Virginie, qu’il venait de visiter en 1763, les pins, quoique considérablement plus hauts que les chênes, étaient beaucoup moins souvent frappés de la foudre. Je ne me rappelle pas, ajoutait-il, avoir vu des chênes croissant parmi les pins, là où quelques-uns de ces derniers arbres avaient été foudroyés. Voici des faits qui dissiperont bien des doutes.