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LE TONNERRE.

s’être détachées des nuages et lorsqu’elles arrivent à terre dans un état de sécheresse extrême, les poussières volcaniques sont quelquefois si fortement imprégnées de la matière de la foudre, qu’elles donnent lieu à de remarquables phénomènes de phosphorence.

CHAPITRE IV.
de la hauteur des nuages orageux.

La foudre, comme nous l’expliquerons plus loin, produit en tombant sur certaines roches des phénomènes locaux de fusion et de vitrification bien connus des observateurs. Ces vitrifications superficielles et circonscrites, mon illustre ami M. de Humboldt les a aperçues à la partie culminante de la principale sommité de la montagne de Toluca (à l’ouest de Mexico), à la hauteur de 4,620 mètres au-dessus du niveau de la mer ; Saussure les a vues au sommet du Mont.Blanc, à 4,810 mètres d’élévation[1] ; Ramond, au Mont-Perdu, à 3,410 mètres, et au Pic du Midi, à 2,935 mètres. Qui, d’après cela, ne se croirait autorisé à dire que, dans les pays de montagnes, au moins, les nuages orageux s’élèvent quelquefois :

  1. Pour plus d’exactitude, je dois dire que les vitrifications superficielles, marques certaines du tonnerre, n’ont pas été aperçues à la cime même du Mont-Blanc, mais sur une partie de cette colossale montagne appelée le Dôme de Goûté, et dont la hauteur verticale est un peu moins grande. Au sommet du Mont-Blanc, les traces, les indices de quelque coup de foudre récent que Saussure crut remarquer, consistaient en des fragments de rocher qui gisaient dans tous les sens sur de la neige nouvellement tombée, à plusieurs pieds de distance de leur situation primitive.