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Le jour de la catastrophe de Château-Neuf-lès-Moutiers, dont il a déjà été question (p. 262), deux des trois prêtres qui entouraient l’autel tombèrent gravement frappés ; le troisième, au contraire, n’éprouva aucun mal : lui seul était revêtu d’ornements en soie[1].

Voici des faits plus étonnants encore, car ils montrent qu’un animal peut être plus ou moins gravement atteint dans les différentes parties de son corps, suivant la couleur des poils qui les recouvrent.

Au commencement de septembre 1774, la foudre tomba sur un bœuf, à Swanborow (Sussex). Ce bœuf, de couleur rougeâtre, était tacheté de blanc. Après le coup de foudre, on remarqua avec surprise la dénudation des taches blanches : il n’y restait pas un seul poil, tandis que la partie rougeâtre n’avait éprouvé aucune altération apparente. Le propriétaire de l’animal raconta à M. James Lambert que, deux ans auparavant, un autre bœuf tacheté de blanc avait présenté exactement le même phénomène, après un violent coup de tonnerre.

Enfin, le 20 septembre 1775, un cheval pommelé ayant été foudroyé à Glynd, le propriétaire remarqua

  1. D’après des expériences indirectes, tous les physiciens ont reconnu que le taffetas ciré, la soie, la laine, sont moins perméables à la matière de la foudre que les toiles de lin, de chanvre ou de toute autre matière végétale. Ils sont un peu moins d’accord sur la question de savoir si, en temps d’orage, les vêtements mouillés sont préférables aux vêtements secs. Nollet redoute les habits mouillés, parce que l’eau leur communique la propriété dont elle jouit elle-même, d’être un des corps sur lesquels la foudre se porte de préférence. Franklin adopte l’opinion contraire, d’après l’idée que les habits mouillés doivent transmettre immédiatement au sol la matière fulminante qui va les frapper.