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a placés, peuvent paraître absurdes. En tout cas, je dirais que l’étude des aberrations de l’esprit humain ne doit pas être séparée de celle des véritables découvertes, sans compter que les plus grosses erreurs conservent peut-être encore de nombreux partisans.

§ 1er. – Des moyens que les hommes ont cru propres à les mettre
personnellement à l'abri de la foudre.

La littérature grecque nous a complètement initiés aux idées des anciens philosophes touchant la cause du tonnerre ; mais on n’y trouve que des indications très-sommaires et très-imparfaites sur deux ou trois moyens préservatifs.

Hérodote, livre iv, chap. 94, rapporte que « les Thraces sont dans l’habitude, quand il fait des éclairs ou qu’il tonne, de tirer des flèches contre le ciel, pour le menacer. »

Pour le menacer, dit l’auteur grec, qu’on le remarque bien ! Il n’est nullement question, dans le passage, d’un pouvoir qu’aurait eu la flèche, en tant que métallique et en tant que pointue, d’enlever aux nuages quelques parcelles de matière fulminante. Aussi, Dutens lui-même, cet admirateur fanatique de l’antiquité, a-t-il reculé devant l’idée d’assimiler les flèches des Thraces aux paratonnerres modernes, et de faire remonter l’invention de l’appareil de Franklin jusqu’au temps d’Hérodote.

Pline rapporte que les Étrusques savaient faire descendre la foudre du ciel ; qu’ils la dirigeaient à leur gré, et que, entre autres, ils la firent tomber sur un monstre nommé Volta qui ravageait les environs de Volsinies ;