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LE TONNERRE.

Ma réponse est bien simple : il serait vrai que les nuages excessivement noirs, qui, après s’être élevés de la bouche des volcans jusqu’à des hauteurs prodigieuses. après s’être étalés dans tous les sens autour de la colonne ascendante, donnent à l’ensemble des déjections gazeuses et pulvérulentes, cette forme d’un pin si bien décrite par Pline le jeune et par les observateurs modernes; il serait vrai, disons-nous, que ces nuages se composent en très-grande partie de vapeur d’eau, qu’il n’en resterait pas moins à examiner comment la vapeur, quand elle s’élève d’un cratère à peu Près pure, n’est, si je suis bien informé, jamais ou presque jamais orageuse, et comment les cendres, comment les poussières volcaniques lui communiquent toujours cette propriété. Rien, au surplus, n’établit la vérité de l’hypothèse dont je viens de faire mention, si on l’envisage d’un point de vue général; rien ne prouve, par exemple, à l’égard de l’épais nuage qui, en 1794, s’étendit du Vésuve jusqu’à Tarente, qu’en arrivant près de cette ville, il ne se composait pas exclusivement de poussière impalpable. D’après la relation du capitaine, de noires Colonnes de fumée s’élevaient de l’Océan, près des Açores, avant que le petit îlot Sabrina eût commencé à surgir. Dans ce cas, la vapeur engendrée au foyer volcanique sous-marin ne devait-elle pas se condenser en grande partie, pendant sa marche ascensionnelle vers la surface, comme elle se condense au contact de l’eau froide dans l’admirable machine de Watt ? Je ne pousserai pas plus loin ces considérations. Mais, tout à l’heure, je citerai un fait qui leur donnera une grande force, puisqu’il prouvera qu’après