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Le 26 juin 1807, la foudre fit sauter, à onze heures et demie du matin, un magasin à poudre de Luxembourg, très-solide, bâti jadis sur le roc par les Espagnols, et qui contenait près de 13,000 kilogrammes de poudre. Il périt une trentaine de personnes. Plus de deux cents furent mutilées ou grièvement blessées. La ville basse (le Grand) était un monceau de ruines. On trouva à près d’une lieue de distance de très-grosses pierres du magasin, que l’explosion y avait apportées.

Le 9 septembre 1808, la foudre tomba sur un magasin de munitions du fort Saint-Andrea-del-Lido, à Venise, et le fit sauter. L’explosion détruisit complétement une caserne, une chapelle adjacente, un mur de la demi-lune, et endommagea beaucoup la caserne où logeaient les canonniers.

J’ai multiplié les citations relatives à des explosions de magasins à poudre, parce que, de généralisation en généralisation, on a été jusqu’à prétendre que la foudre, quand elle pénètre dans ces bâtiments, ne met jamais le feu aux munitions qu’ils renferment. Après avoir montré combien une pareille opinion est peu soutenable, j’avouerai que, dans certains cas, le météore a offert des bizarreries qui sembleraient légitimer les plus étranges hypothèses.

Ainsi, le 5 novembre 1755, la foudre tomba, près de Rouen, sur le magasin à poudre de Maromme, fendit une des poutres du toit, réduisit en petites parcelles deux tonneaux qui étaient remplis de poudre, sans produire aucune inflammation (le magasin renfermait alors huit cents de ces tonneaux).

En 1775, le 11 juin, à la pointe du jour, la foudre